Ouverture des archives de Vichy : ces zones d’ombre qui méritent encore d’être éclairées
C’était le cadeau de Noel offert aux Français et aux historien. Le 24 décembre, le gouvernement a décidé de faciliter l’accès aux archives de Vichy. Plus de 70 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, tout un pan de la mémoire judiciaire et policière de l’Occupation mais aussi de l’épuration qui suivit la Libération va pouvoir être approfondi.
Marc Ferro : Il faut bien comprendre quelle était la situation des chercheurs avant. Pour avoir accès aux archives de Vichy et aux archives nationales ou les autres périodes historiques, il fallait montrer patte blanche auprès de l’administration. Lorsque c’était le directeur de recherche qui donnait l’autorisation, les barrières administratives se levaient, ce qui fut mon cas lorsque Braudel m’a permis d’accéder aux archives du quai d’Orsay. Mais c’était plus compliqué lorsque des étudiants faisaient la demande. Ifallait les légitimer. Les administrateurs craignaient, � juste titre, que des amateurs, des journalistes ne viennent consulter les archives uniquement pour débusquer ce qui pourrait faire scandale. Ce qui avait pour effet de dévaloriser les trouvailles historiques présentées comme novatrices alors qu’elles n’étaient qu’un détail de l’histoire. Mais cette barrière administrative restait très mal perçue par les historiens parce qu’elle était toujours anonyme, non nominative. Alors ce libre accès aux archives est bien entendu un progrès. Les historiens vont avoir accès aux archives de la police judiciaire. Et certains procès qui leurs avaient échappés vont pourvoir être traités avec pour risque de réanimer le ressentiment franco-français ce qui attirera très certainement certains historiens en mal de notoriété.�